jeudi 4 novembre 2010

Une histoire de l'Ecoute Arlon BELGIQUE

Centre de l'Ecoute et du langage

Centre de l'Ecoute et du langage

[B1]

Nous avons ouvert le centre de l’Ecoute et du Langage le 1er° juillet 1985.

Depuis 20 ans, la méthode TOMATIS est notre principal outil pour venir en aide à toute une série de personnes (enfants, ados, adultes) aux prises avec des difficultés diverses.

Quelles sont ces personnes et quelle est leur particularité commune ?

Qu’est ce que la méthode TOMATIS ?

Quelles sont ses origines, ses applications, ses succès…ses limites ?

L’ambition de cet opuscule réunissant une série d’articles est de répondre à ces questions.

Cette information est bien sûr très succincte . Elle peut être complétée par la lecture d’ouvrages de TOMATIS qui seront repris en annexe.

Il va sans dire que toute personne désireuse d’en savoir davantage peut prendre contact avec nous . Bonne lecture

La méthode TOMATIS

Mise au point par Alfred A. TOMATIS, spécialiste des troubles de l’audition et du langage, cette méthode est née des travaux qu’il a réalisés dès 1947 à partir de plusieurs disciplines : l’audiologie, la phonologie et la psychologie. La désignation d’ « audio-psycho-phonologie » (A.P.P.) élaborée par Tomatis est étroitement liée aux principes de base de la méthode qui porte son nom.

Les recherches réalisées par A.A. TOMATIS en direction de la fonction linguistique ont permis de déboucher sur des techniques destinées à structurer les circuits de contrôle de la voix et du langage par l’intermédiaire de la fonction d’écoute.

Cette méthode, qui s’inscrit dans le cadre des Sciences Humaines, concerne donc tout spécialement les processus d’intégration du langage à partir des relations qui existent entre l’audition et la phonation. Cette dernière se trouve être effectivement sous la dépendance de l’appareil auditif qui, lui-même, reste lié aux réactions du psychisme. Les rapports audition phonation ont été identifiés sous le nom d’EFFET TOMATIS et ont fait l’objet de plusieurs communications à l’Académie des Sciences et à l’Académie de Médecine de Paris (de 1957 à 1960). Il s’agit là d’un des apports fondamentaux de A.A. Tomatis dans le domaine de la psycholinguistique stipulant que toute modification du schéma auditif entraîne obligatoirement une modification du geste vocal.

Ainsi donc, en modifiant les facultés auditives d’un sujet à l’aide d’un appareil appelé « Oreille Électronique », A.A. Tomatis a démontré qu’il était possible d’obtenir une transformation du langage d’un individu et par là même une modification de son psychisme. Il a pu mettre en évidence, d’une façon rigoureuse, les mécanismes cybernétiques qui régissent le système audio vocal. Toute émission sonore émise est un son contrôlé. Ce contrôle se fait grâce au capteur que représente l’oreille droite. La boucle ainsi créée constitue la source même de toutes les opérations qui se déroulent au cours de la fonction laryngée. Ce circuit audio phonique est à la base des processus éducatifs et rééducatifs inhérents aux techniques mises en place par A.A.Tomatis. En intervenant sur l’audition, c’est-à dire, en modifiant le capteur du circuit cybernétique, on enclenche un mécanisme de contrôle permettant le réajustement de la qualité de la voix, de la coulée phonique, de sa vitesse, de son rythme et de l’intonation. Est également assuré le contrôle de la sémantique qui motive la mise en œuvre de la coulée verbale.

La mise en exergue de cette action privilégiée des circuits droits a permis à A.A. Tomatis de déterminer les caractéristiques de l’oreille directrice et de donner au concept de latéralité une tout autre orientation. Débouchant ainsi sur les problèmes de dominance cérébrale, A.A. Tomatis a élaboré des hypothèses concernant les mécanismes corticaux et leurs incidences sur tout le système nerveux. Chemin faisant, il a été amené à établir de nouvelles théories sur la physiologie auditive. Il a, en outre, redonné à l’oreille humaine ses vraies potentialités celles concernant, en particulier, la fonction de charge. Par les stimulations qu’elle reçoit, l’oreille les transforme en énergie neuronique destinée à alimenter le cortex.  

Un autre aspect très important de l’apport scientifique que représentent les travaux de A.A. TOMATIS consiste en la découverte de l’audition intra-utérine et de son impact sur la relation mère-enfant. À la suite d’une longue expérimentation et grâce à des montages électroniques très complexes, il a pu reproduire le bain acoustique utérin et préciser comment le fœtus réagit devant cette masse d’informations sonores. Il a prouvé que 1’oreille du fœtus commence très tôt à se former dans l’utérus en vue de préparer son activité fonctionnelle. Dès le 4e mois et demi de la vie fœtale, elle peut être considérée comme opérationnelle. Partant de ce fait, ultérieurement démontré par des équipes de chercheurs de différents pays, A.A. Tomatis a conçu et mis au point des montages permettant à l’individu de percevoir la voix de sa mère comme il l’entendait avant sa naissance. La reviviscence de ce vécu primordial constitue l’une des découvertes les plus déterminantes dans le domaine de la psychothérapie.


À partir de ces découvertes, A.A. Tomatis a élaboré des techniques d’éducation consistant à modifier les facultés auditives d’un individu en vue de transformer son langage et d’obtenir par là même, une modification de sa posture psychologique. Plusieurs domaines se trouvent concernés au niveau des applications de cette méthode dont les principaux sont : l’écoute, la voix, le langage, le comportement.

L’ECOUTE - Une amélioration des mécanismes d’écoute peut être envisagée, notamment pour le traitement de certaines déficiences de l’attention et de la mémorisation. Par la mise en action des phénomènes de charge et d’autocontrôle à partir des circuits droits, la méthode intervient sur les processus réglant les problèmes de concentration. Dans le domaine musical, le rétablissement des mécanismes d’analyse des sons et du contrôle de la psychomotricité augmente considérablement les performances du musicien.

LA VOIX - Qu’il s’agisse de la voix parlée ou de la voix chantée, la remise en action des circuits audio phonatoires aboutit à l’amélioration des troubles dysphoniques et des déficiences que certains professionnels de la voix peuvent rencontrer dans le cadre de leurs activités.

LE LANGAGE - L’action de l’Oreille Électronique et la mise en place d’une programmation sonique faisant intervenir les différentes phases de l’élaboration du langage depuis la vie intra-utérine, permettent de traiter certains troubles d’expression tels que : bégaiement, difficultés articulatoires ... Le langage écrit trouve, lui aussi, sa place dans le cadre de ces redressements.

La dyslexie, la dysorthographie et toutes les déficiences scolaires qui s’y rattachent sont également justiciables de cette action psychopédagogique. Notons enfin une application originale qui consiste à améliorer les possibilités d’intégration des langues étrangères.

LE COMPORTEMENT - Par voie de conséquence, la méthode agit au niveau relationnel sur les troubles comportementaux qui se manifestent sous forme d’agressivité, de fatigabilité, de dépression. L’intervention des sons filtrés (écoute intra-utérine), l’augmentation de la recharge corticale et de l’autocontrôle grâce à la mise en place des circuits droits, constituent une aide appréciable à la résolution de ces problèmes.

La méthode ainsi élaborée recouvre, sur le plan des applications, un large domaine d’ordre psychopédagogique. Elle est utilisée dans plusieurs pays par certains spécialistes orientés sur les problèmes de communication et d’expression : enseignants, linguistes, musiciens, psychologues, professeurs de chant, orthophonistes, kinésithérapeutes ...

Écoute et difficultés scolaires.

Actuellement, de plus en plus d’enfants et de familles se trouvent concernés par les problèmes d’ordre scolaire et par certaines difficultés de communication. Enseignants et parents ne manquent pas d’exprimer leur inquiétude ainsi que leur incompréhension devant les difficultés que rencontrent certains enfants dits « instrumentaux » face à l’école.

Le plus souvent, les parents sont dans l’impossibilité de saisir le rapport qui peut exister entre d’une part, un enfant insupportable ou rêveur ou capricieux ou trop sage, et d’autre part, le mauvais élève en classe.

De même, les spécialistes semblent parfois désemparés devant de tels enfants «instrumentaux » au point d’abandonner toute action entreprise.

Très rapidement, ces enfants se voient alors qualifiés de cancres, de paresseux, de dissipés…

Leur intégration au groupe scolaire se solde alors par un échec massif.

Devant ces problèmes, d’importantes recherches se sont développées un peu partout dans le monde, la mise au point aboutissant à différentes démarches thérapeutiques et éducatives.

Alfred TOMATIS est connu pour ses travaux concernant les processus d’Ecoute et de Communication. Il a, dès 1947, mis en évidence les contre-réactions audio-phonatoires dans les phénomènes de la voix chantée et de la voix parlée.

Il a démontré que toute modification auditive apportait un changement manifeste dans le mode d’élocution d’une personne.

Ces observations fondamentales ont amené Tomatis à conclure que l’audition et la phonation étaient intimement liées. C’est cette découverte qui a été publiée en 1947 à l’académie des Sciences de Paris sous le nom d’effet Tomatis.

Parallèlement à ces recherches, Tomatis a pensé que les mêmes processus pouvaient être mis en œuvre pour améliorer la lecture et corriger l’orthographe défaillante.

A.Tomatis constate que, dans les contre-réactions de contrôle nécessaires à la lecture et à l’écriture, l’oreille droite offre une plus grande capacité que l’oreille gauche :c’est l’oreille directrice. D’autre part, le désir d’écoute se superpose au simple fait d’entendre . En effet tout comme il existe une différence entre voir et regarder, il existe une différence entre entendre et écouter, cette dernière fonction impliquant un désir d’entrer en communication et exigeant la mise en œuvre de certains muscles de l’oreille moyenne dans le but de viser le message reçu.

Ainsi, un enfant peut parfaitement entendre sans être capable d’écouter.

Dans ces conditions, l’enfant ne peut pas intégrer véritablement le langage. Celui-ci demeure pour lui « lettre morte ».

L’enfant en difficultés scolaires reste un étranger au monde de la communication, ne pouvant faire correspondre une image sonore au graphisme de la lettre. Une telle distorsion de la fonction d’écoute va faire que l’enfant perçoit tous les sons de manière déformée.

Il va devoir faire des efforts considérables et souvent infructueux pour comprendre et décoder le message qui lui est transmis.

Tout se passe comme s’il recevait le monde environnant à travers des filtres.

Il est à noter que la plupart des distorsions sonores sont situées au niveau fréquentiel du message verbal. Ceci permet de comprendre les difficultés auxquelles sont quotidiennement confrontés ces enfants, tant en ce qui concerne l’expression parlée que l’expression écrite, la lettre n’étant en soi qu’un son à reproduire graphiquement.

Au fur et à mesure que se multiplient ces tentatives de correction et de compensation, la fatigue, la frustration, et un sentiment d’échec vont se développer et se doubler d’une perte de motivation.

Par voie de conséquence, l’enfant aura du mal à soutenir son attention et à mémoriser ses leçons.

En outre s’il existe certaines difficultés de perception au niveau de certaines bandes de fréquences, le développement du langage et sa relation avec le monde extérieur risquent d’en être perturbés.

L’enfant en difficultés scolaires se trouve dans la situation de ne jamais pouvoir exploiter ses potentialités qui sont certaines mais qui restent inhibées par les difficultés d’écoute. Si la dynamique du langage ne s’est pas imprimée neurologiquement , il va exister une dysharmonie susceptible d’imposer à l’enfant un univers de malaise. De tels enfants sont très souvent maladroits, gauches vis-à-vis de leur corps dont ils ne savent que faire. Leur posture est souvent avachie et manque de naturel.

C’est pourquoi Tomatis pense qu’il faut aborder les problèmes d’intégration scolaire en apprenant à l’enfant à écouter, tout en lui redonnant confiance en lui et en ses possibilités. Ceci se fait grâce à un entraînement de l’oreille suivant une méthode appelée « Méthode Tomatis » qui fait appel à une éducation audio-psycho-phonologique.

Tomatis va directement à la source même de ces difficultés et permet ainsi à l’enfant de revivre toute son accession au langage par l’intermédiaire du dialogue intime qui existe entre sa mère et lui dès le début de sa vie relationnelle. Il prépare ainsi sa rencontre avec le père puis avec le monde social.

Tout ce cheminement de l’enfant vers la communication doit être réalisé avec la collaboration des parents, ces derniers jouant un rôle de soutien et devant faire preuve d’une participation effective. Cette collaboration est un élément très important pour assurer une efficacité à l’égard de l’aide à apporter à l’enfant.

Le bilan A.P.P.

Avant de débuter une éducation audio-vocale, l’enfant bénéficie d’un bilan A.P.P., c’est-à-dire d’un bilan audio-psycho-phonologique.

Celui-ci comporte tout d’abord une anamnèse où l’histoire de l’enfant est retracée de façon détaillée. Il est ensuite proposé une série de tests dont le principal est le test d’écoute.

Ces tests et entretiens se font en présence des parents qui sont invités tous les deux à participer à leur façon à la rééducation.

Le bilan dure environ une heure.

Les phases de programmation qui reproduisent les différents processus ontogénétiques de la fonction d’écoute restent, bien entendu, identiques pour tous. Leur durée est cependant différente en fonction des événements qui ont pu marquer le vécu de l’enfant et qui ont pu l’empêcher d’acquérir un langage bien structuré et une écoute harmonieuse.

Le programme

Il se divise en deux parties principales :

-Une phase passive au cours de laquelle l’enfant écoute différents sons sans intervenir sur le plan du langage.

-Une phase active pendant laquelle l’enfant participe en reproduisant certaines vocalises, certains mots ou phrases.

Le développement de l’écoute se fait grâce à l’oreille électronique, appareil conçu par Tomatis.

La première phase

Lors de cette phase, l’enfant reçoit des stimulations auditives à l’aide d’un casque et d’un vibreur.

La musique va servir de stimulus initial et sera progressivement filtrée pour reproduire l’univers sonore correspondant aux processus d’écoute avant la naissance.

Plus rarement, l’enfant est invité à écouter la voix de sa mère, filtrée de la même façon. La voix maternelle sera ensuite défiltrée afin de permettre à l’enfant de retrouver un mode de communication normal avec sa mère.

Cette phase a pour but de faire retrouver à l’enfant un mode de communication normal avec son entourage.

Pendant cette première phase, l’enfant peut jouer et parler, tout en écoutant les enregistrements. Il est fortement encouragé à dessiner et ses dessins sont conservés afin de les présenter au consultant qui pourra apprécier l’évolution de l’enfant.

Les séances d’écoute ont lieu dans une salle spécialement conçue pour ce genre de travail.

Une personne s’occupe des appareils et fait des comptes-rendus quotidiens sur le développement de l’enfant afin que le consultant puisse éventuellement modifier la programmation.

Lors de cette première phase, l’enfant se transforme tout d’abord sur le plan du sommeil, de l’appétit, et du comportement.

Il paraît plus calme, détendu, plus ouvert aux autres. Il a davantage envie de parler.

Les parents remarquent qu’il manifeste un intérêt plus grand pour agir, tant à l’école qu’à la maison.

Il arrive aussi que l’enfant soit plus agressif et que son comportement soit encore plus « difficile » qu’auparavant. Ce n’est là qu’un phénomène passager et tout à fait logique quand on pense aux mutations qui se produisent dans son système de régulation audio-vocal.

Très vite d’ailleurs, son comportement se régularise : l’enfant instable se calme et l’enfant replié sur lui-même s’extériorise plus facilement. Il écoute davantage et devient en général plus positif dans toutes ses activités.

La deuxième phase

Elle a pour but de permettre à l’enfant d’utiliser le désir d’écouter suscité lors de la phase précédente. On lui demande alors de répéter, par l’intermédiaire d’un micro ,certains éléments parlés ou chantés : comptines, vocalises, mots et phrases.

Puis le son est réglé à l’aide de l’oreille électronique qui permet à l’enfant de contrôler sa voix. Progressivement, un système d’équilibre va lui donner la possibilité de se contrôler de plus en plus par l’oreille droite afin de renforcer ses circuits audio-vocaux.

Tout au long de cette démarche, des tests d’écoute sont pratiqués à la fin de 10 séances de deux heures afin de noter le progrès et de prévoir le moment où la session pourra se terminer.

Dans certaines circonstances, il est demandé à l’enfant ou à l’adolescent de venir pendant un première période intensive en profitant des vacances scolaires ou le soir après la classe.

Le rythme des séances est à déterminer en fonction de chaque enfant et de ses réactions.

Les entretiens de contrôle

Ils ont pour but de faire le point avec l’enfant, le plus souvent accompagné de ses parents.

L’entretien permet d’évaluer les progrès accomplis.

C’est l’occasion pour l’enfant d’exprimer son vécu et ses créations.

Le consultant explique à l’enfant ce qui se passe et conseille les parents.

Après le programme

Lorsque l’enfant a acquis ses mécanismes de contrôle audio vocaux et qu’il peut maîtriser son langage oral et écrit, il lui est demandé d’effectuer à la maison certains exercices de lecture à haute voix qui permettent de maintenir ces acquisitions et de renforcer les progrès réalisés au cours du programme.

Dans la mesure du possible il est demandé à la famille de contrôler l’enfant tous les six mois afin qu’il soit possible d’évaluer son cheminement audio-psycho-phonologique.

L’intégration des Langues vivantes

Les Allemands n’entendent pas comme les Français qui eux-mêmes n’ont pas la même oreille que les Italiens…À chaque région du globe, à chaque pays, correspondent divers types d’audition.

Parler une langue, c’est donc tout d’abord adapter sa propre écoute aux fréquences acoustiques de cette langue. Ce n’est pas toujours réalisable :il convient alors de conditionner l’oreille. Le professeur Tomatis a inventé et mis au point un appareil précieux : l’oreille électronique.

Cet appareil est utilisé par certains laboratoires de langue avec beaucoup de succès.

Dans un laboratoire parisien, un sujet britannique achève d’enregistrer quelques textes dans sa langue natale. « Maintenant, lui dit l’opérateur lorsqu’il repose le micro, vous allez pouvoir vous entendre. Je vais vous placer ces écouteurs sur la tête. »

L’homme se laisse faire de bonne grâce. L’enregistrement commence de se dérouler.

Stupéfaction ! Notre Anglais est incapable de comprendre les phrases qu’il a prononcé quelques minutes auparavant !

Que s’est-il passé ? Une chose très simple. L’expérience avait lieu voilà quelques années dans les laboratoires du Pr Tomatis. Grâce aux écouteurs reliés à une oreille électronique, l’opérateur avait tout bonnement donné au sujet une audition qui n’était plus la sienne. En conséquence, le sujet était devenu sourd à son propre discours.

Cette anecdote est riche d’enseignements. Mieux, elle doit bouleverser des idées reçues chez ceux qui l’entendent pour la première fois.

On aurait pu croire en effet que les hommes entendaient tous de la même manière quel que soit leur pays d’origine. Les travaux du professeur Tomatis imposent une révision urgente de cette conception. D’après ces travaux, il s’avère en effet qu’il existe, selon les régions du globe, différents types d’audition.

Différentes « oreilles » qui en gros correspondent d’ailleurs aux différentes langues.

Chacune de celles-ci se caractérise par une bande de sélectivité, ou bande passante particulière. L’oreille française par exemple, dispose d’une sélectivité située entre 1000 et 2000 hertz, alors que l’oreille italienne inscrit la sienne entre 2000 et 4000 hertz. La bande passante des Allemands est très large : elle part des graves et s’échelonne jusqu’à 3000 hertz. Celle des Russes l’est plus encore puisqu’elle va des sons les plus graves aux plus aigus.

Il ne faut pas s’étonner qu’il y ait une relation entre audition et la langue.

Comme Tomatis l’avait démontré antérieurement, la voix ne contient que ce que l’oreille entend. « On parle avec son oreille »

En fait, il ne faut même pas s’étonner qu’il existe à travers le monde différents types de réceptivité aux messages sonores.

Expliquerait-on autrement, écrit René La Borderie, spécialiste de la pédagogie des langues vivantes, que les méridionaux à l’accent chantant soient plus disposés que d’autres à l’acquisition de la langue italienne ? Expliquerait-on autrement que l’opéra soit né en Italie et que l’Italien soit la seule langue qui convienne parfaitement au chant lyrique.

Il y a bien des façons d’expliquer ces phénomènes. Le moins contestable est sans doute d’invoquer l’influence du milieu ambiant, notamment des conditions climatiques.

C’est l’impédance du lieu qui détermine la posture et l’adaptation de l’oreille.

La multiplicité des idiomes est liée au fait que l’impédance changeant avec lieu, la réceptivité se transforme et par la suite, une même langue se modifie.

C’est pourquoi les tentatives du type espéranto recouvrent un espoir purement mythique :une langue unique variera toujours en fonction des lieux dans lesquels on se trouvera.

Ainsi l’Américain nasonne, contrairement à l’Anglais, à l’Italien ou à l’Allemand.

Mais lorsqu’un Anglais, un Italien ou un Allemand s’installe aux Etats-Unis, il se met bientôt à nasonner comme l’Indien qui était le premier occupant du pays. Toute langue parlée aux Etats-Unis va s’infléchir vers la résonance de l’endroit qui est très riche en 1500 hertz. On peut noter au passage que l’Anglais qui est parlé sur le continent américain est bien mieux perçu par l’oreille française que le pur Anglais d’Oxford. C’est dire qu’il existe, de ce seul point de vue (sans rapport avec la grammaire ni le vocabulaire) des affinités plus ou moins grandes entre les langues. Un Français par exemple apprendra plus facilement l’Espagnol que l’Anglais.

Parler une langue, c’est d’abord adapter sa propre écoute aux fréquences acoustiques de cette langue. Ainsi , « le don des langues » n’est pas tant le don de ne les parler que celui de les entendre ! On a constaté depuis longtemps que les Slaves en règle générale témoignaient d’une véritable virtuosité dans l’apprentissage d’idiomes étrangers. Beaucoup parlaient couramment plusieurs langues. L’explication est simple. Leur audition est caractérisée par une sélectivité si accueillante qu’elle peut inclure sans difficulté les bandes passantes des autres langues.

Au contraire, l’impossibilité de reproduire efficacement une langue étrangère n’est qu’une forme de surdité. Devant une information sonore inaccoutumée, explique encore Tomatis , l’oreille change du tout au tout pour prendre une autre posture bien définie, différente en tout point de celle dans laquelle la langue maternelle l’a fixée. Il se peut bien qu’elle ne soit pas capable d’accomplir ce travail d’accommodation.

Fort heureusement, tout n’est pas perdu dans ce cas. Par certains procédés, on peut venir au secours de l’oreille défaillante, la conditionner afin de créer artificiellement cette réceptivité qui lui fait défaut. En modifiant l’audition du sujet, en lui apprenant à écouter d’une autre façon que celle qu’il est habitué d’utiliser par sa langue maternelle, on déclenche une autre façon de parler, un autre mode d’expression caractéristique de la langue à étudier. Cet effet audio vocal entraîne des modifications portant sur le timbre, sur l’organisation de l’appareil phonatoire, sur l’usage des cavités résonnantielles laryngées sus et sous-jacentes, sur le tonus laryngé, sur la respiration, sur la mimique, autant de modifications qui réagissent en chaîne par allumage réflexe s’étendant de proche en proche sur toute la morphologie du sujet.

Cette modification peut être réalisée grâce à un appareil inventé et mis au point par Alfred Tomatis :l’oreille électronique.

Cet appareil permet de resserrer ou d’étaler à volonté la bande passante.

On peut ainsi donner à un sujet l’oreille anglaise, l’oreille espagnole, l’oreille suédoise etc.

Le principal intérêt de cette méthode, c’est qu’elle n’aide pas seulement à l’apprentissage, mais conduit à une véritable intégration des langues vivantes. Pour parler, il ne s’agit pas seulement de reproduire la lettre d’une langue, il faut en restituer l’esprit. L’oreille électronique permet cette assimilation en profondeur. La preuve :le sujet qui a fait quelques études en anglais et à qui l’on impose l’oreille anglaise a naturellement tendance à utiliser les règles de la grammaire anglaise, sans effort intellectuel de sa part.

C’est toute la structure de la langue qui s’installe d’un coup. Mieux, La psychologie elle-même du sujet est affectée. Son comportement subit des modifications.

Qu’on place un Français sur oreille électronique et qu’on lui demande de tracer un trait sur fréquence française, il tracera un trait horizontal, sous fréquence espagnole, un trait descendant, tous ces tracés étant en rapport direct avec la courbe des fréquences.

Autre constatation : toute personne à qui l’on donne électroniquement une autre réceptivité acoustique que la sienne se met immédiatement à changer de posture. Sous oreille allemande par exemple, on la voit se redresser, pousser avec la gorge, parler plus fort et se tenir absolument droite, perpendiculairement à l’axe de poussée du son. C’est dire l’influence du langage sur les conduites.

Dans l’assimilation d’un idiome, c’est donc tout l’être entier qui est en question. Nous voilà loin de l’indigeste absorption de listes de vocabulaire avec quoi se confondit la quasi-totalité de nos études en langues vivantes, lorsque nous étions à l’école.

En vérité , il y a de nombreuses années déjà qu’en cette matière, la pédagogie traditionnelle était contestée. De cette constatation naquirent les laboratoires de langue, qui se mirent bientôt à proliférer. En marge de l’école ou de l’université, on assista à un florilège de systèmes audiovisuels. Des méthodes miracles, s’il fallait en croire la publicité. Hélas ! Cette grandeur fut bientôt suivie de décadence. De nombreux laboratoires partirent à l’abandon. Pourquoi ? C’est que, dans la plupart des cas, la contestation portait davantage sur la forme que sur le fond. Trop souvent, les fameuses méthodes dites audiovisuelles n’étaient que la transposition des vieilles recettes pédagogiques. Beaucoup de ces systèmes ne reposaient sur aucune base scientifique, et en particulier, ils ignoraient le point de départ de tout apprentissage :la relation entre l’oreille et la bouche, la relation entre l’audition et la phonation.

Indubitablement, les méthodes employées par les laboratoires de langues constituent à ce jour le meilleur moyen d’assimiler un idiome. Mais cette assimilation elle-même dépend directement de la façon dont a été préalablement conditionné l’appareil auditif.

Toute l’ingéniosité mise au service de la pédagogie ne servira à rien si la porte d’entrée c’est-à-dire l’oreille reste fermée au message linguistique. Il faut tout d’abord s’assurer que la porte est parfaitement ouverte, que l’audition est prête à recevoir les sons particuliers de la langue qu’elle doit assimiler. Sans cela, les efforts seront vains.

C’est ici que l’oreille électronique entre en scène. Grâce à sa collaboration, les laboratoires vont pouvoir en effet atteindre pleinement leur but, réduisant à presque rien le nombre de leurs échecs.

Il faut bien préciser qu’il s’agit là d’une technique d’appoint. L’appareil lui-même ne fait que prédisposer l’étudiant. Il ne le dispense en aucune manière d’apprendre la grammaire et le vocabulaire de la langue qu’il désire parler. En revanche en le plaçant psychologiquement dans une sorte de complicité avec l’objet de son étude, il lui fournit les motivations indispensables à son succès.

On n’apprend rien, et surtout pas une langue étrangère, sans mettre à contribution tout un système à la fois conscient et inconscient de désirs.

Les étonnants résultats des enfants.

L’adaptation de la réceptivité peut demander de un à deux mois si l’audition du sujet est de bonne qualité. Si, au contraire, son oreille est abîmée, il est indispensable de la rétablir dans un état normal , ce qui nécessite environ trois mois d’efforts.

Il existe en effet, rappelons le des « surdités » électives dont il faut bien tenir compte. Certaines entreprises caressent le projet de faire parler l’anglais à tout un département. C’est une absurdité. Il y a des gens qui, pour toutes sortes de raisons, sont sourds aux fréquences supérieures à 2000 herz, par exemple. Comment pourraient-ils apprendre l’Anglais ? Cette déficience explique d’ailleurs l’échec de sujets très brillants aux agrégations de langue. Il est évident qu’il faut soumettre ces personnes à un traitement particulier avant de conditionner leur oreille.

Le problème se pose moins avec les enfants, dont la plasticité auditive est étonnante. Si un sujet de cinq ans de père américain et de mère hongroise va à l’école en France, il parlera facilement les trois langues. La seule erreur à ne pas commettre serait qu’à la maison, les parents –croyant aider l’enfant- s’adressent à lui en français, sans bien connaître cette langue et en s’empêtrant dans les expressions idiomatiques .

Il n’empêche que, pour tous ceux qui, quel que soit leur âge, désirent assimiler une langue étrangère, toutes les espérances sont permises. Alliée aux techniques audiovisuelles les plus modernes, l’oreille électronique leur permet des progrès rapides.

Dans un minimum de six mois, l’intégration d’une langue peut être réalisée. Six mois, cela peut paraître beaucoup à côté de ce qu’affichent certains laboratoires, mais quelle est de chaque côté la part de succès dûment constatée ?

On dit partout que nous sommes entrés dans une civilisation de l’image.

Ne serait-ce pas aussi, ne serait-ce pas plutôt dans une civilisation du son ?

Jean BRUYERE

Alfred TOMATIS :

Alfred, Angelo, Auguste, Antoine TOMATIS

1°janvier1920-25 décembre 2001

Docteur en médecine de la Faculté de PARIS

Spécialiste des Trouble de l’Audition et du Langage

TITRES :

-Ancien président de l’Association Internationale d’Audio-psycho-phonologie

-Professeur de Psycholinguistique à l’école des psychologues praticiens de l’Institut Catholique de Paris

-Ancien directeur du Laboratoire de Psycho-Physiologie acoustique du Centre d’Essai des Propulseurs de Sarclay.

-Docteur Honoris Causa du Dortmunder-Institut de Munich.

-Docteur Honoris Causa de l’université de Potchefstroom.

DISTINCTIONS :

-Chevalier de la santé publique(1951)

-Médaille d’or de la recherche scientifique(Bruxelles1958)

-Grande Médaille de Vermeil de la ville de Paris(1962)

-Prix Clémence Isaure(1967)

-Médaille d’or de la Société « Arts, Sciences,et Lettres ».(1968)

-Commandeur du Mérite Culturel et Artistique(1970)

BIBLIOGRAPHIE : non exhaustive .

-Sur commande , liste de 68 articles parus dans différents bulletins médicaux.

-« L’oreille et le Langage » Edition du Seuil .Collection Microcosme.

-« Education et Dyslexie » Editions ESF. Collection Sciences de l’Education.

-« La libération d’Œdipe » Editions ESF. Collection Sciences de l’Education.

-« Vers l’Ecoute humaine » Editions ESF. Collection Sciences de l’Education.

-« Vers l’Ecoute humaine Tome 2 » Editions ESF. Collection Sciences de l’Education.

-« L’Oreille et la Vie » Editions Robert Laffont .Paru en édition de poche 1999.

-« La nuit utérine » Editions Stock

-« Pourquoi MOZART ? » Editions Fixot

-« Neuf mois au paradis » Edition Ergo Press

-« Les troubles scolaires » Edition Ergo Press

-« Vertiges » Edition Ergo Press

-« Nous sommes tous nés polyglottes » Editions Bernard Fixot

Le centre de l’Ecoute et du Langage

Téléphone 063/223933

Fax 063/220430

Quelques données pratiques :

Ouverture :

Le centre est ouvert : le lundi de 16h à 19 heures

le mardi, mercredi, jeudi et vendredi de 14 à 19 heures

le samedi de 9 à 13 heures.

Honoraires :

Le bilan de base : 50€

Le test contrôle : 30€

Les séances de deux heures :48 €

Pour les remboursements, certaines mutualité (caisse complémentaires) remboursent une partie des séances.Ce remboursement se fait sur base d’une attestation du centre P.M.S. de l’école de votre enfant.

Petits conseils à l’usage des écoutants :

Vous serez sans doute étonnés en vous installant dans la salle d’Ecoute de n’avoir rien à faire de particulier si ce n’est de mettre les écouteurs et attendre que la séance soit terminée.

Cet étonnement peut devenir agacement ou inquiétude. N’hésitez pas à en parler.

En effet, les séances durent deux heures et il n’est peut-être pas dans vos habitudes de rester autant de temps sans « rien faire ».

Nous vous demanderons au plus de dessiner ou de vous appliquer à des activités qui n’exigent pas de réflexion intense surtout d’un point de vu verbal.

Vous pouvez si vous le souhaitez laisser vos productions et celles de vos enfants sur la table, datées et signées . Nous nous chargerons de les collationner et nous vous les restituerons en fin de parcours.

En dehors des séances, évitez autant que faire se peut les endroits enfumés et les endroits bruyants.

N’hésitez jamais à poser toutes les questions que vous jugerez utiles.

Nous nous ferons un plaisir d’y répondre le mieux possible.

Bonne route.